Histoire de Brunehaut

Fragments d’histoire

L’histoire de la commune est essentiellement tributaire de celle des grandes villes limitrophes. Malgré que Brunehaut recelait moins d’écrits et de vestiges pouvant relater son histoire, on a pu constater que ses villages ont parfois été foulés préalablement par certaines civilisations qui ont participé à l’évolution de ces villes d’histoire. Des nomades en quête de gibier, des populations sédentaires recherchant un endroit propice à leur établissement, mais aussi par des civilisations guerroyantes.

Comme l’origine historique est dépendante de l’histoire du Tournaisis, il s’imposait de relater des fragments de l’histoire des 9 villages – Hollain, Laplaigne Bléharies, Rongy, Lesdain, Howardries, Wez-Velvain, Guignies, Jollain-Merlin – composant l’entité de Brunehaut qui vit le jour en 1977, au moment de la fusion des communes. Le nom de la commune a été choisi par le pouvoir politique en référence au monolithe situé à Hollain, la pierre de Brunehault, qui recèle, encore aujourd’hui, de nombreux mystères au sujet de son origine et de son nom. Le blason fut emprunté à la commune de Laplaigne qui l’avait adopté des armes, gravés en 1653, de Michel de Ligne, seigneur de La Plaigne. L’origine de son nom provient de ‘Hol’ et ‘laing’ signifiant cavité marécageuse qui faisait référence à la rive droite présentant une vaste étendue régulièrement couverte par les eaux. L’histoire de Hollain est essentiellement marquée par la pierre Brunehault située sur le plateau de la rive gauche à proximité de la voie romaine. Cette pierre, haute de 4,40m, aurait été enterrée à une période évaluée vers 2000 voire 2500 avant JC. Différents historiens se sont penchés sur l’origine de la pierre qui revêtait plusieurs hypothèses telles que: un monument romain, un trophée de guerre, une borne, ou encore un point de repère pour la chaussée romaine. Aujourd’hui, elle se dresse dans un cadre bucolique, riche de ses légendes et de son histoire fondée par les vestiges retrouvés lors des cultures des terres ou au détour d’une promenade.

Le village de Hollain

Le village de Hollain ayant pris son essor au rythme de la sédentarisation, il subissait, au cours des siècles, la domination des religieux. Cette domination faisait suite de la donation du village par Godefroid le Captif à l’abbaye de Saint-Pierre en 979. Néanmoins, vers 1100 les seigneurs de Mortagne auraient envahi le village pour en déposséder son abbaye. Restituée en 1290 aux religieux, une charte avait été établie pour que les abbés puissent conserver le droit de nommer et de révoquer le maire et les échevins.Les abbés de Gand, propriétaires de Hollain, percevaient au 16e siècle des droits (une sorte de dîme) tels que : droit sur le vin, la bière, sur le grain vendu. Mais à cette époque, les guerres des religions étaient particulièrement sanglantes et l’église de Hollain fut pillée en 1556 par les iconoclastes emportant les richesses du culte.

En 1668, la peste, touchant toutes les contrées marécageuses, décima une partie de la population de Hollain et en 1745 ce sont les inondations qui affaiblirent le village. En 1768, on constata que la pierre Brunehault commençait à s’incliner légèrement, sans aucune réaction de la part des dirigeants. Elle accusait, en 1820, un angle de 20° avec le sol. La commune décida, enfin, d’investir une somme de 500 francs pour la rétablir dans son axe. Au début du 20e siècle, l’hiver très rude gela l’Escaut, joie des jeunes gens qui en profiteront pour patiner. Le trafic fluvial prenant son essor, l’Escaut subira plusieurs rectifications de son tracé naturel pour s’adapter à la taille des bateaux. 

Le village de Laplaigne

Le nom le plus ancien qui constitue un des lieux-dits du village est ‘Sin’ qui figurait sur une carte de 1107. Apparaît ensuite, en 1186, le nom du village orthographié ‘Le Plaigne’ et c’est au 18e siècle que son écriture fut définitive. Tout comme la partie de Hollain située sur la rive droite de l’Escaut, Laplaigne était une zone marécageuse peu fréquentée à l’époque préhistorique. Les rares vestiges retrouvés sur cette zone indiquent qu’il n’y avait pas d’habitat permanent mais que la chasse au petit gibier y était pratiquée. Cette zone peu accueillante ne fut pas occupée par les civilisations romaines.

Ce sont les moines, au Moyen-Âge, qui ont entrepris le défrichement des terres pour y fonder une abbaye. Celle-ci devait se situer entre la Scarpe et l’Elnon, où elle avait pris son essor en 847, à la suite des donations de Charles le Chauve. Pendant cette période, les Vikings remontant l’Escaut s’attaquaient essentiellement au monastère qui recelaient de grandes richesses. En 882, ils pillèrent l’abbaye de St-Amand que les moines réinvestirent quelques années plus tard. A l’aube du 9e siècle, l’abbaye étendait son territoire sur Espain et Flines.

Une seigneurie était instaurée partout où l’abbaye possédait des droits de justice. Un maire y était nommé et dépendait du prévôt de l’abbaye. L’abbaye de St-Amand achetait Sin en 1241 et choisissait Hellin de Sin, seigneur de La Plaigne et de l’Hommoy, comme protecteur des religieux.

En 1274, la contrée située entre Tournai et Mortagne était devenue un vrai coupe-gorge. Les prévôts et les habitants décidèrent d’arrêter Walter de La Plaigne et ses complices, auteurs de nombreux et sanglants assassinats. Du 14 au 16e siècle, il s’en suivit de grands troubles: les guerres, la peste, la famine, les tremblements de terre, les inondations qui virent la succession des Dennetières. Ceux-ci possédaient de nombreux fiefs et seigneuries, notamment à La Plaigne, Sin et l’Hommoy, jadis propriétés de l’Abbaye de St-Amand.

Au 18e siècle, les derniers loups survivant à proximité du village furent abattus contre quelques livres. A cette époque, la plupart des maisons étaient en bois ou en torchis et en chaume ou en tuile. En 1829, Laplaigne se composait des hameaux du Belloit, de l’Hommoy, de Sin, du Sart Colin et comportait 779 habitants.
On y trouvait une école, un moulin, une brasserie, un fabricant de tabac, une briqueterie, … Le 8 octobre 1861 débutait la construction de la nouvelle église, en son emplacement actuel, avec les briques en provenance de la briqueterie de Sin. La concentration de l’habitat et la construction de digues ont donné au village une cohérence paysagère qui est soulignée par une occupation essentiellement agricole.

Le village de Bléharies

Les vestiges trouvés sur le territoire de Bléharies laissent penser qu’il a été occupé dès la plus haute antiquité. L’analyse de ces vestiges détermine que l’activité  agricole était assez dense du néolithique à l’âge de bronze. A Espain, il fut découvert d’immenses pierres tabulaires du même grès landénien que celui de la Pierre Brunehault. C’est au 1er siècle que le village prend son essor, l’habitat gallo-romain était modeste mais possédait un hypocauste et était décoré (crépis colorés, poteries et différents objets). De l’époque franque, il n’y a pas été trouvé d’indice, concluant à une improbable occupation de cette civilisation. On ne retrouve une trace du village qu’au moment de la domination de l’abbaye de St-Amand qui était propriétaire du territoire de Bléharies, avec d’autres personnes importantes. Au 10e siècle, le jeune Aybert avait décidé de mener une vie consacrée à Dieu et les moines le nommèrent prévôt de leur communauté. Il exerça son rôle pendant 25 ans mais éprouva le besoin de se retirer et de vivre en ermite. L’Evêque de Cambrai lui octroya, en 1113, la prêtrise dans le but qu’il remplisse pleinement sa mission. A la suite de sa disparition, des reliques lui furent dédiées et l’église actuelle porte son nom. Bien des siècles après St Aybert, Bléharies ayant suivi le tracé chaotique de l’histoire de l’abbaye de St Amand, on retrouva une carte mentionnant, en 1654, le village de ‘Bléhuries’ et une autre, en 1769, ‘Blaharies’. Vers 1700, Bléharies n’était qu’un hameau sans église et c’est Espain, au territoire plus petit, qui était considéré comme le centre du village par la présence de son église. En 1713, la France perdait Tournai mais gardait St-Amand et ses dépendances. Le village de Bléharies restait français alors qu’Espain devenait autrichien. Le Traité de 1779 fignolait celui de 1769 qui déterminait définitivement les limites des frontières. C’est à cette date que les bornes dites ‘franco-autrichienne’ furent placées. Elles se trouvent, aujourd’hui, à la mairie de Maulde et dans le parc de la commune de Brunehaut.

Au 18e siècle, l’église d’Espain située le long de l’Escaut, souvent submergée par de nombreuses crues de la rivière, se trouvait dans un état de grande détérioration. Le choix de reconstruire imposait un nouvel emplacement et l’église vit le jour, en 1772, au centre du village de Bléharies. Cette église fut érigée, sans style particulier, en front de voirie le long de la rue Wibault Bouchart.

La victoire française à Fleurus, le 26 juin 1794, effaçait la dominance du régime autrichien. La monnaie devint le franc et les dîmes furent définitivement abolies en 1801. Mais en 1815, le village fut séparé de la France et prit le nom de son nouveau royaume, les Pays-Bas. La monnaie choisie était celle du royaume. Le florin affirma son existence, lorsqu’en 1824, le vote pour l’élection des bourgmestre, échevins et conseillers communaux fut payant.

En 1829, le village comptait 882 habitants et 167 bateliers, pour 218 maisons, 5 fermes, une école primaire, trois brasseries, un pressoir à huile et un moulin à farine. En 1830, la révolution avait dissout les administrations locales. Les événements locaux étaient flous car ils n’avaient pu être tenus à jour. C’est à partir de 1836 que les documents étaient à nouveau exploités. Ils informaient, notamment, qu’une douane s’était installée à Espain adjointe d’une diligence qui faisait la navette de Tournai à Valenciennes. Vers 1879, l’idée de relier St-Amand à Tournai en chemin de fer se concrétisait par l’expropriation des terres. En 1882, la voie de chemin de fer était terminée et le train passait par Bléharies bien que le tracé initial dirigeait celui-ci vers Lesdain. Cette fin de siècle fut difficile. Les terres cultivables furent boisées, la sucrerie cessait son activité, le chantier naval périclitait, les bateliers français ne pouvaient plus acheter en Belgique. En 1902, on inaugurait le pont en béton reliant Bléharies à Laplaigne, mais les allemands le firent sauter en 1918, en même temps que la gare, le moulin et l’église. L’après guerre vit le début de la construction de la nouvelle église conçue par l’architecte Henri Lacoste. Terminée en 1926, elle présente un style particulier: le cubisme, et innove dans le choix des matériaux par l’utilisation du béton et du bronze patiné. Après les désastres de la deuxième guerre mondiale, la vie est transformée. Beaucoup d’étrangers viennent s’installer et construisent des habitations. De nombreuses fermes sont reprises par des citoyens flamands. Le pont est reconstruit en 1953, le tracé de l’Escaut est, à nouveau, rectifié en 1974 et le train reliant Tournai à St-Amand est supprimé au profit des bus mieux adaptés aux besoins de la population.

Le village de Rongy

Le village était répertorié, en 1201, sous le nom de ‘Rungies’ sans signification certaine. Y aurait-il une corrélation avec le village français limitrophe portant le nom de Rumegies? Aucune piste n’a jamais été engagée dans ce sens. Toutefois, un autre nom fut découvert, il s’écrivait ‘Runchia’ désignant un buisson épineux, une ronce. En roman, le buisson épineux se disait ‘roncine’ ou ‘runcine’.

Depuis les temps immémoriaux, le village de Rongy appartenait aux de Roisin, une des baronnies du Hainaut. On parlait du Baron de Roisin, déjà propriétaire de Rongy, lors de la première croisade, alors qu’il accompagnait Godefroid de Bouillon dans son expédition. La descendance de cette famille brilla dans plusieurs cours d’Europe, affirmant toujours leur souveraineté à Rongy. En 1818, la commune de Rongy introduisait une reconnaissance des armoiries des de Roisin. Cette demande restée sans suite, la commune adoptait un blason composé des six pièces d’argent et de gueule des de Roisin. Persécutées pendant de nombreuses années, beaucoup de familles protestantes durent quitter la France pour se réfugier dans les pays voisins. Les protestants pourchassés se déplaçaient de St-Amand vers Tournai qui abritait, vers 1720, une garnison hollandaise dont la plupart des soldats étaient protestants. Pour se rendre aux offices célébrés à Tournai, les protestants empruntaient, travestis en paysan, un sentier peu fréquenté qui traversait Rongy: le ‘sentier des Gueux’!

Sous la domination autrichienne en 1771, le Conseil privé permit aux protestants d’acquérir un cimetière pour enterrer dignement leurs morts. Enfin, en 1781, Joseph II adoptait une loi pour la tolérance du culte protestant.En 1785, les protestants de Rongy construisirent un temple où s’assemblaient Belges et Français. Au début du 19e siècle, un nouveau temple fut édifié, en remplacement du premier. Il se situe à proximité de la frontière à la rue du Temple. Les guerres mondiales ont détruit, comme partout dans l’entité, de nombreux bâtiments. L’église fut détruite le 20 octobre 1918. Heureusement, la plus grande partie de son mobilier fut sauvée par le curé de l’époque. Dans ce mobilier, on répertoriait l’autel principal construit avec le coeur d’un bois noble indigène: le chêne. Datant de 1703, il présente une longueur impressionnante de 13 mètres dont le projet de la nouvelle église devait tenir compte. Elle fut reconstruite en 1924. Lors de la guerre 40-45, Rongy fut le premier coin de la Belgique à accueillir les libérateurs commandés par le colonel Piron. En commémoration de cet événement, la rue porte actuellement le nom de ‘Brigade Piron’.

Le village de Lesdain

En 977, Lesdain était orthographié ‘Ledinium ou ‘Lesdinium’. Les historiens considèrent qu’il s’agissait d’une mauvaise altération successive de ‘Landinium’ dont le radical ‘Landa’ désigne une plaine inculte couverte de broussailles. A l’époque romaine, on retrouvait le nom ‘Landain’ signifiant lande, terre inculte couverte de bruyères. En 1314, Lesdain est indiqué ‘Lesdeng’ sur la carte de Notre-Dame de Tournai. A l’origine, Lesdain était constitué essentiellement par un vaste massif forestier, occupé par les civilisations préhistoriques. Ce constat fut confirmé par les fouilles qui ont mis à jour des murs en silex dessinant un bâtiment de ferme, des tuiles brûlées et les restes d’un incendie. Les découvertes (habitat, matériel lithique et céramique) ont permis de situer l’occupation de cette civilisation au néolithique final.Par la suite, on y avait aussi découvert des traces d’une civilisation gallo-romaine. L’histoire suivant son cours au même titre que les autres villages, un jour Lesdain devint la capitale des pépiniéristes.

Cette profession trouve son origine au 17e siècle. Elle était sûrement liée à la présence du massif forestier qui comportait de nombreuses espèces ligneuses et au suivi de son reboisement. Au début, on peut penser que les pépiniéristes de l’époque récupéraient les jeunes pouces dans le massif forestier pour les cultiver. Ensuite, ils produiront des plants forestiers par semis à partir des graines récoltées sur les différentes espèces composant le massif. Vers 1830, les agriculteurs s’orientaient aussi vers la production de plantes créant des entreprises commerciales à la base des pépinières actuelles. En 1850, les cultures étaient orientées sur la production d’arbres fruitiers et les pépinières prenaient leurs extensions. Toutefois, vers 1930, à la suite de la crise et à la fermeture de la frontière française, les pépiniéristes ont dû se diversifier pour survivre. Certains se spécialisent sur la production de fraises, d’autres sur la production de fruits qui engendra l’apparition des premiers vergers. En 1978, le Groupement des pépiniéristes était créé unissant 25 professionnels avec pour but principal d’assurer la promotion et l’amélioration de leurs productions. Ils organisent chaque année une exposition de roses, nécessitant près de 10.000 fleurs.

Le village de Howardries

L’origine de nom du village présente de nombreuses hypothèses. Certains pensent qu’elle est dérivée du nom’ Hoch Ward’ en rapport avec la haute garde dont disposait les châtelains de la région. D’autres chercheurs s’orientent sur la signification de ‘Ovaria’, mot latin, dont la traduction est ‘bergerie’. Mais l’hypothèse qui semblerait la plus probable proviendrait du prénom du premier seigneur de l’endroit ‘Huart’ ou ‘Huard’, un dérivé de ‘Hugues’. Des documents relèvent différentes formes orthographiques du nom du village: Hovardia en 1093 et 1379, Ovaria en 1166 et Hovardrie en 1589. La région était fortement boisée aux différentes périodes préhistoriques dont l’occupation par des civilisations ne peut être confirmée malgré la découverte d’une hache confectionnée en grès de la période néolithique. Les découvertes récentes (1953), lors de l’exploitation d’une partie d’un des bois, ont mis en évidence une forte activité à l’époque gallo-romaine. Les vestiges des fragments d’un hypocauste, les nombreuses poteries et les 200 pièces découverts indiquent l’existence d’une agglomération gallo-romaine au troisième siècle de notre ère. L’église actuelle dont le style cache son origine romaine confirme cette présence.

En effet, en pénétrant dans cette église qui avait été restaurée par un membre de la famille des du Chastel, on peut y découvrir la nef datant du 5è siècle. Au Moyen-Âge, la seigneurie de la Howardries relevait directement de la France. En 1240, un acte cédant les biens de ce village à un prêtre de Tournai et les décrivant, indique que la paroisse existait déjà à peu près comme aujourd’hui. A partir du 13è siècle, le village qui formait la seigneurie appartenait à la famille du Chastel. Bien que la seigneurie dépendait de la châtellenie de Lille et non de Tournai, le seigneur de Howardries était patron de la cure avec le chapitre de Tournai. A cette époque, les étendues forestières étaient conservées parce que la population et la seigneurie utilisaient modérément ses ressources (bois, fruits, gibiers). En effet, le village comportait peu d’habitants, un château, une ferme et quelques terres vouées à l’agriculture qui suffirent à la seigneurie. Le seigneur de la Howardries rendait la justice et il pouvait nommer un lieutenant de justice. Toutefois, c’est est entiellement le bailli, aidé de son greffier, quprésidait les audiences. Le bailli prononçait ljugement au nom du souverain et non du seigneur des lieux. Ensuite, on affichait les sentences. Enclave de la châtellenie de Lille jusqu’au 18è siècle, Howardries fut transféré au Pays-Bas Autrichien (traité de BXL le 18 novembre 1779). Sous le régime hollandais, les bois étaient vendus par parties et trouvaient des propriétaires tels que les du Chastel, l’Abbaye des Dames de Flines, … Actuellement, les bois privés accueillent les touristes lors de la Marche des Jonquilles. Ils participent à la qualité écologique et paysagère du village. Ainsi, ce haut lieu historique conserve naturellement, depuis des siècles, la physionomie de son origine.

Le village de Wez Velvain

L’origine de Wez trouverait sa source dans le nom latin ‘Vallis’ signifiant une vallée ou un bas-fond tandis que Velvain proviendrait de ‘Fel Vain’ voulant dire plaine fertile. En 1012, l’orthographe du nom du village était identique à celle d’aujourd’hui. Par la suite, entre 1100 et 1474, ce nom a rencontré d’autres formes telles que: Gueiz, Wes-Velvein, Weesh, Velvaing.

Le village de Wez-Velvain a pris son essor vers le 10e siècle. Déjà en 979, la ferme portant, à cette époque-là, le nom de ‘Neufville’ fut donnée par Godefroid le Captif à l’abbaye de St-Pierre de Gand. Vers le 12e siècle, le village possédait un château fort, malgré que cet édifice lui conférait une image de puissance, il fut incendié par les flamands en 1288. En 1302, Wez appartenait à Anselme d’Aigrmont et fut pillé par Gossuin d’Antoing et son armée, car il lui reprochait d’avoir donné l’asile à leurs ennemis.

Wez, comme d’autres villages de Belgique, était un vrai champ de bataille. Au cours des décennies, le village subissait les attaques de belligérants voulant assiéger le château fort: en 1478 par les bourguignons, en 1521 par le baron de Ligne sous les ordres de Charles-Quint,En 1560 le château était propriété des évêques de Tournai. En 1616, Maximilien Villain le fit réparer. Ensuite, il fut utilisé en 1671 par des séminaristes. Fort de son passé, il fut malheureusement démoli en 1820. Wez affirmait sa dépendance au culte déjà en 1320, lorsque les évêques de Tournai étaient seigneurs du village. Le sanctuaire édifié, un peu plus tard dans le village, fut détruit en 1566, lors des troubles religieux causés par les iconoclastes protestants. Une église avait été reconstruite sur les ruines de cet édifice démoli.Plusieurs dizaines de décennies écoulées, cette église était devenue trop petite pour accueillir la population venue en nombre célébrer les offices. Le chapitre de la cathédrale de Tournai finança la construction d’une nouvelle église rebâtie en 1775.

La vocation au culte se confirmait lorsque vers 1684, la communauté religieuse vint s’établir à Wez pour garder les femmes insensées et pourvoir à l’éducation chrétienne des enfants abandonnés. La tâche des religieux adjoints à cette cause prenait de l’ampleur et, de ce fait, la communauté de St-Charles s’enracinait à Wez. Pour pallier au succès grandissant, il fut construit, en 1855, un couvent doté d’une architecture magnifique qui ouvrait en 1899 un juvénat pour les garçons de 4 à 12 ans. A cet époque, Wez est le hameau du village de Velvain. L’église de Velvain avait été construite à la frontière de Guignies. Mais l’essor rapide de Wez, le couvent, la construction de nouvelles habitations, lui ont permis de devenir rapidement le centre du village. Contrairement à celle des villages voisins, l’église bâtie en 1775 ne subira pas le sort de la destruction résultant des combats de la guerre 14-18 . En plus, en 1936, elle a bénéficié d’un agrandissement réalisé pour accueillir de plus nombreux fidèles.

Le village de Guignies

C’est sur un document daté en 1107, à la période féodale, qu’on retrouve la trace du nom du village sous la forme Guinginioe. La terminaison ‘egnies’ ou ‘ignies’ désignerait la demeure ou la propriété. Cette traduction laisse penser que la première partie du nom correspondait au prénom du seigneur de l’époque, qui pouvait s’écrire ‘Gui’, ‘Guonus’, ou ‘Guyon’. En 1109, dans un des documents du pape Pascal II, le village était inscrit sous la forme de Guenehem. ‘Hem’, langage germanique ayant la même signification que ‘ignies’, confirmait la composition du nom du village.

Au cours des décennies, comme l’écriture était utilisée par les érudits de l’époque, c’est sur base du langage que le nom évolua. Il fut de temps en temps inscrit sur un document ou une carte. Grâce à ces traces, on découvrait, sur une carte de 1197, le nom du village écrit ‘Guegnies’. En 1202, un acte de vente indiquait le nom de Egidium de Guignies, témoin de la vente de terres. En 1209, l’évêque de Tournai avait écrit, sur une déclaration, que le chevalier Gilles de Goegnies renonçait aux droits de la dîme. A partir de 1263 jusqu’à nos jours, le village de Guignies garda la même orthographe.
Pendant cette époque féodale, pillages, incendies et tueries marquaient la région. Cette ambiance chaotique se poursuivait à l’époque bourguignonne qui vit, en 1477, l’incendie du château dont la seigneurie n’appartenait, probablement plus, aux de Guignies. En 1485, la seigneurie était détenue par la famille de Montmorency qui, d’après un recensement de l’époque, indiquait 16 foyers pour une cinquantaine d’adultes.
Vers 1521, Charles Quint se préparait pour l’assaut de la ville de Tournai et réunissait son armée dans les plaines environnantes empiétant sur le territoire de Guignies. En 1566, Philippe de Noircames, en mission pour Margueritte de Parme, profitait de son passage à Guignies, pour éliminer les Huguenots venus semer la zizanie.

En 1603, le doyen de Tournai se rendait au pied de l’église vieille de près de 500 ans afin de constater l’état de délabrement de cet édifice et de prévoir les réparations urgentes. En 1689, le prince de Montmorency était le seigneur de Guignies et possédait la ferme tandis que le château, la plus belle bâtisse, appartenait, probablement, à un descendant des de Guignies. Le pasteur de l’époque était bien loti car un tiers de la dîme lui revenait et il disposait d’un magnifique presbytère. Le prince de Montmorency avait toutes les prérogatives sur son territoire ainsi que le suivi de ses officiers sur les comptes des pauvres et ceux de la fabrique d’église. Le village comportait 8 fiefs dont certains appartenaient à d’autres seigneurs. Ceux-ci n’avaient pas de prérogatives sur la seigneurie de Guignies et ne pouvaient pas organiser des activités sur leurs terres quand le seigneur de Guignies en disposait autrement. Au début du 18e siècle, les rudes hivers, la destruction des campagnes par les armées alliées provoquaient la disette des denrées telles que le blé et les fruits. Ces conditions rendaient le paiement de la dîme difficile et déjà contesté en temps normal. En plus de la disette, une épidémie décima une partie de la population. Vers 1769, l’impératrice Marie-Thérèse mettait en demeure le chapitre de Tournai de faire restaurer l’église. Elle se trouvait dans un tel état de délabrement qu’il fut procédé à la construction d’une nouvelle église sur l’emplacement de l’ancienne.

En 1813, un recensement effectué sur le village de Guignies comptabilisait 624 habitants pour 134 maisons et ces nombres évoluèrent jusqu’en 1839 à 883 habitants pour 170 maisons. A cette époque, l’artisanat diversifié prenait son essor dans le village: maréchal ferrant, tourneur à bois, charron. En 1840, une tuilerie était installée à la rue allant de la place vers les bois, mais son exploitation fut de courte durée et elle laissa son souvenir à cette rue qui la rappelle. En 1870, une tannerie vit le jour à la rue des bois. Son puits provoquait, en 1898, une épidémie qui tua plusieurs personnes. Lors de la guerre 14-18, pendant l’avancée des troupes anglaises, la population de Guignies avait dû quitter le village pour se réfugier à Rumes. A son retour, la population constatait tristement que tout avait été pillé et que certaines maisons avaient été détruites. Heureusement, la guerre 40-45 n’eut pas le même impact destructeur et permis une lente revalidation du village.

Le village de Jollain-Merlin

Des civilisations préhistoriques auraient-elles foulé les terres du village? Ce n’est pas certain, malgré la découverte d’un morceau de silex du Grand Pressigny de teinte brune utilisé en tant que grattoir. Ce morceau de silex est un exemplaire unique sur la région et inhabituel localement. C’est au cours du 10e siècle que le village fut répertorié lors de sa donation en 979 à l’abbaye de Gand par Godefroid le Captif. Il se nommait: ‘Ideland’, mot celtique signifiant terre stérile. En 1314 et 1474, il était représenté sur la carte de Notre-Dame de Tournai et sur un acte de l’évêché de Tournai et s’écrivait ‘Jollaing’. En 1589, on le notait:’Jolain’. Merlin était orthographié ‘Mierlaing’ en 1314 et ‘Merlein’ en 1474 sur un inventaire des biens de l’abbaye de St-Pierre de Gand. L’origine du nom de Jollain serait dérivé du prénom ‘Jolanus ou Jollinius’ du seigneur des lieux en 1175. Merlin proviendrait du nom latino-roman ‘Mergila’ signifiant Marne, une roche sédimentaire à tendance argilo-calcareuse qui correspond au substrat pédologique actuel représenté par un sol argileux, caillouteux et blanchâtre.

Le seigneur de Jollain et celui de Merlin étaient différents jusqu’en 1715, au moment où Merlin devint propriété de la famille Pinchon. Ils possédaient déjà Jollain vers 1680. Avant ces dates, on ne sait pas grand chose de l’histoire du village dont les archives étaient très maigres. Les vestiges connus indiquent que le village était un lieu chargé d’histoire, déjà par la présence de son château construit en 1160. C’était une puissante forteresse mais elle fut rasée par le prince d’Espinoy en 1583. Heureusement rebâti par la famille de Fourmanoir en 1620 tel que nous l’avons encore connu après la dernière guerre mondiale. Le château fut construit sur les ruines de l’ancien en conservant une silhouette massive soulignée par l’épaisseur des murs de près d’un mètre. Il était encore habité en 1826 par le comte de Jollain, Guillaume 1er et, en 1880, par un des descendants de ce comte, Ferdinant Levaillant. Pendant la dernière guerre mondiale, il servit de refuge à quelques résistants. En mauvais état à la fin du 20e siècle, aujourd’hui il n’en reste plus que des photos. L’église, située sur Jollain et dédiée à St Saulve implorée pour les maladies des bestiaux, fut bâtie au 14e siècle. Elle avait subi certains aménagements tels que la nef et un transept datant du 16e siècle correspondant au style gothique. Des aménagements auraient, encore, été effectués en 1789 dont il ne subsiste plus aucune trace à part le millésime de la date. En 1918, elle fut dynamitée par les allemands imposant, par la suite, des travaux de reconstruction et de restauration. Depuis 1943, le transept de l’église est classé par la Commission Nationale des Monuments et Sites. Deux autres témoins du culte sont présents à Merlin. La chapelle Notre-Dame de la Paix datée du 18e siècle appartenant à une demoiselle, Marie-Charlotte Hellin, qui en fit cadeau à la fabrique d’Eglise en 1860 et la magnifique chapelle St Joseph datée de la fin du 17e siècle soulignée par une architecture sobre. 


Vidéos : montages et vidéos réalisées par Allard François en collaboration avec le Centre de Lecture Publique de Brunehaut.

Texte : travail effectué sur base des documents suivants disponibles à la bibliothèque de Bléharies: Patrimoine Monumental de la Belgique (tome 6-1). Histoire de Bléharies par Henri Delrive. Laplaigne, histoire du village, de la préhistoire à 1960 par Arlette Cop-1998. Hollain et son histoire, fragments d’histoire locale et d’histoire régionale par Albert Leclercq-2000. Concours entre village, Wez-Velvain, par O.Leseultre-1952. Concours entre village, Guignies, par Jean Lemaire et Gérard Chandaras-1952.  et les archives de la commune de Brunehaut.